A Hervé.
Troisième départ et c’est le bon !!!
Première étape. La Rochelle – A Coruna (Espagne)
Samedi 23 Juin 2012
La Rochelle – Dans le golfe (Latitude 45 55 16 – Longitude 1 53 85)
Il est 10h30 quand « Joviline » quitte le port de
La Rochelle, pour son grand départ. Temps calme, sans vent et sous moteur
jusqu’au plateau du « Lavardin ». Christophe, le frère, a sorti son
Open 5 des chantiers « Philéas » en hommage à Hervé qui a su
promouvoir cette série monotypie. Il nous accompagne jusqu’à la bouée cardinal
« La Roche du Sud ». Puis cap au 280, direction le plateau de
« Rochebonne ».
Les vents d’ouest ne nous sont pas favorables, et il nous
faut tirer des bords. Petite brise de 5 à 10 nœuds. Cap 340. A midi, repas à
l’extérieur : Paupiettes de veau au fondu de poireaux. Le moral de
l’équipage est au beau fixe. Nous en avons oublié le pilote automatique, et
cela est de bon augure …….
« Joviline » trace ces 3 nœuds dans une mer peu formée, sans trop
dérapée !!!! Passage du phare de « Chanchardon », des
« Baleines » et à nous le golfe. Afin de ne pas trop s’éloigner de
notre point de passage obligé, nous revirons pour un cap au 250. Le vent fraichi à 4 beaufort et
nous sommes au bord serré, la position la plus inconfortable, pour le bateau
mais aussi pour les matelots. Le repas du soir consiste à de l’eau et quelques
madeleines avalées difficilement. Le quart s’organise. A 23 heures, revirement
pour aller chercher notre plateau « Mythique ». Cap 340. « Joviline »
file à 4,1 nœuds dans une brise de 12 nœuds.
Dimanche 24 Juin 2012. Dans le golfe (Latitude 45 55 16 –
Longitude 1 53 85)
(Latitude
46 19 33 – Longitude 3 48 80)
A une heure du matin, je prends le quart, mais le vent forci
de 4 à 5 beaufort. Nous décidons de prendre un ris dans la grand voile, avant
que Gérard mette « La viande dans le sac » (dixit : couché) Je
lui fais voir un éclat lumineux qui annonce la bouée cardinale Est de notre plateau.
La mer est formée, le bateau toujours au plus prés du vent, une légère bruine
nous tombe dessus, et « Joviline » a du mal à passer la vague.
Le levée du jour est dans une mer agitée avec des vents
d’ouest ne voulant pas tourner, une température digne d’un temps d’automne,
avec des vents forcissant. A 10h 30, nous décidons de prendre un deuxième ris,
et enroulé le génois pour le réduire à un foc 1. Le plateau de
« Rochebonne » s’éloigne de notre vue après l’avoir contourné par le
nord.
Cap au 300, qui nous fait monter au delà de notre limite de
dégolfage. La journée va être très longue, puisque les estomacs sont mis à dur
épreuve, et qu’il est impossible de manger. Vers 15 heures, nous frisons les 6
beauforts. Le repas consiste à avaler difficilement deux à trois madeleines et
verres d’eau. L’idée de perdre un kilo par jour n’est pas loin de se réaliser.
(Certains (es) y penseront). Pas un bateau sur l’eau, à part un vieux sloop
battant pavillon anglais, qui vent arrière, ne marche qu’au génois.
A 17 heures, nous faisons le point et décidons de virer pour
redescendre vers le sud de notre ligne de tracé du dégolfage. Gérard, dans un
élan de bon cœur, me dit « Nous allons trouver du beau temps, nous sommes
trop au Nord ». Bien mal, lui en appris …….. Toute la journée restera dans
ces conditions, et le repas du soir consiste à manger ……. Une madeleine qui a encore bien du mal
à passer.
La nuit est identique à la précédente. Les organismes
souffrent, le moral de l’équipage baisse, le doute s’installe, mais il faut
tenir bon …… Ne pas céder à la tentation de laisser « Joviline »
partir à la dérive. Il faut rester le nez au vent, ne pas abattre pour ne pas
perdre les précieux miles engrangés. Je dis « Il faut manger notre
chapeau ».
Lundi 25 Juin 2012. Dans le golfe. (Latiitude 46 19 33 –
Longitude 3 48 80)
(Latitude
46 09 82 – Longitude 4 55 01)
A 4 heures du matin, les vents sont toujours d’ouest , sans
diminution d’intensité. Les quarts se succèdent, sans mot dire, le café ne peut
être réalisé, tant nous sommes brassés dans une lessiveuse. Une goulée d’eau
rafraichira une bouche pâteuse. Et le tour est joué. Ah !!! J’avais oublié
mes madeleines !!! Repas probable de la journée annoncée.
Vers 15 heures, les vents d’ouest / nord ouest semblent mollir un peu, à 3 à 4
beaufort, dans une mer agitée et un brouillard qui s’installe, laissant une
bruine nous tomber dessus. Nous rêvons : Sommes nous en mer
d’Irlande ?
Virement de bord pour remonter vers notre ligne imaginaire
de dégolfage. Cap au 310. Vers 17 heures, des dauphins viennent nous
remonter le moral, et leur présence d’une demi heure, nous fait penser qu’il y
a toujours une vie pour nous accompagner. A 19 heures, je fais le point de progression
avec la veille : 15 Miles. Décevant !!!!
A minuit, le vent tombe complètement, nous laissant dans un
brouillard avec une visibilité quasiment nulle. Heureusement,
« Joviline » est équipé d’un radar de veille. Pas de présence de
bateau.
Gérard décide de mettre le moteur, pour avancer notre position.
Cap au 250. Cette opération ne me plait guère, (Amoureux de la voile) mais les
batteries qui sont censées se recharger avec les panneaux solaires, n’ont pas
vu le soleil depuis le départ ou peu. Une pierre, deux coup. Nous nous
endormons avec le bruit du moteur qui va nous accompagner 12 heures durant.
Nous avons besoin de récupérer !!!
Mardi 26 Juin 2012. Dans le golfe. (Latitude 46 09 82 –
Longitude 4 55 01)
(Latitude
45 12 51 – Longitude 7 01 60)
Cap au 220. Nous décidons de descendre de notre ligne
imaginaire et de couper dans le golfe. Selon les prévisions météorologiques,
des vents d’est sont annoncés dans le sud du golfe.
A 12 heures, le vent frémis un peu et semble d’Est…… D’abord
manger. Le temps s’y prête et c’est l’anniversaire de Gérard. Donc l’enjeu est
de sortir la table à l’extérieur,
de préparer un repas correct, et de reprendre des forces. Repas au
champagne. Au menu, avocat mayonnaise, escalope à la crème avec ses haricots verts revenus à la
poêle, puis fruits et le café. Et
des forces, il faut en prendre. La suite s’annonce guère réjouissante au niveau
des conditions météorologiques.
Pour l’instant nous sommes toujours dans la bruine. A 14
heures, la légère brise d’Est se confirme, et après avoir plié la table, je me
précipite pour établir le spi. Nous le gardons 2 heures, puis la brise se
renforce d’heure en heure pour passer de force 2 à 5 en quelques heures. La mer
est belle et devient peu agitée en fin de soirée. A 20 heures, nous prenons une prise de ris, puis deux et
enfin nous enroulons du génois. Il est alors 23 heures et
« Joviline » progresse à l’allure de 6 nœuds dans le brouillard. L’allure est un peu plus confortable,
et le repas du midi nous permet de manger « léger » le soir.
Mercredi 27 Juin 2012. Dans le golfe (Latitude 45 12 51 –
Longitude 7 01 60)
(Latitude 45 55 66 – Longitude 8 22 22)
Nous sommes toujours au cap 220, avec des vents d’est
mollissant vers 13 heures. La houle résiduelle de la nuit, nous met
« Joviline » dans une position inconfortable de roulis et de tangage,
avec des passages de bômes à ne plus en finir. La brume épaisse laisse
entrevoir quelques éclaircies.
Les vents tournent au sud ouest et nous nous retrouvons au
prés. De petit temps, le vent se
renforce rapidement, à force 5 et nous oblige encore à réduire la toile comme
expliqué précédemment. Cap au 280, puis virement au 190, ou nous rentrons dans
le secteur de La Corogne. Présence de plusieurs bateaux de pêche dans la nuit
claire d’un été frais, et d’un paquebot en attente de rentrer dans un port.
Jeudi 28 Juin 2012. Dans le golfe (Latitude 45 55 66 –
Longitude 8 22 22)
(Latitude 43 24 05 – Longitude 8 25 59)
Vers 2 heures du matin, nous sommes à 15 miles du port de La
Corogne, mais nous mettons le cap sur la pointe du Finistère avec des vents de
plus en plus soutenus de sud ouest, force 5, et une mer peu agitée. Cap au 300.
A 7 heures, je laisse mon quart à Gérard, fait un relevé de
point, et je me précipite dans mon lit. Lorsque je me relève et refait un
point, nous nous apercevons que nous n’avons pas avancé d’un mile, et que
« Joviline » n’en veut plus.
A 13 heures, nous décidons de mettre le cap sur le port de
La Corogne dans le 130 à 25 miles. Il nous faut alors cinq heures pour
rejoindre notre premier port d’escale d’Espagne. « Joviline » file à
6 nœuds dans une mer légèrement formée, avec le vent au 100 dans les voiles.
Arrivée à 19h 30 dans le port. Et de la place, il y en a !!! Le mauvais
temps n’a pas permis à beaucoup de plaisancier de descendre vers le sud.
Accueil sympathique à la capitainerie, par hôtesse parlant parfaitement le
français et ça nous arrange.
Ensuite direction la douche pour se dessaler des embruns de
six jours. Sur le port, un tivoli installé pour la coupe d’Europe de football,
offre la possibilité de se restaurer tout en regardant les matchs sur écran
géant. Nous en profitons pour nous remplir l’estomac de quelques produits
locaux, cuit au barbecue. Puis nous allons nous coucher.
vendredi 29 juin 2012. Port de La Corogne
Et maintenant !!!
Nous prenons la météo locale, et nous nous apercevons que
les vents de sud ouest toujours soutenus aujourd’hui devraient tourner au nord
dans l’après midi du samedi.
Nous décidons donc de reprendre la mer demain après midi,
pour une descente le long du Portugal au vent arrière, avec des vents soutenus
au large, mais plus calme en se rapprochant de la terre. L’option sera donc de longer les côtes
pour éviter du 30, 35 nœuds. Une
arrivée à Sétubal est prévu pour lundi 2 juillet 2012 ou le mardi 3.
En attendant, nous nous promenons en ville, ou nous sommes
étonnés qu’une vitrine sur cinq est abandonnée, crise économique oblige. Ville
agréable avec un front de mer splendide et une baie qui laisse rentrer une
houle importante d’ouest. La Torre de Hercules, est le plus vieux phare du
monde construit par les romains et toujours en activité. Il est classé au
patrimoine de l’humanité.
Quelques photos et une carte du parcours réalisée
seront jointes à ces six jours de haute mer qui nous donne les limites
d’un bateau non conçu pour réaliser des prouesses par bonne brise en serrant le
vent. Cependant, il a prouvé son confort, sa solidité, avec une voilure sous
toilée.
Allez « Joviline », on te pardonne tes faiblesses
et laisse nous découvrir de beaux paysages, comme t’a su le démontrer jusqu’à
aujourd’hui. C’est juré, on te
martyrisera plus, et dès que les vents ne te seront pas favorables nous
attendrons des jours meilleurs.
Le Capitaine du fier vaisseau : Gérard.
La plume qui a testé dans son dernier retranchement de« Joviline »
Olivier.
Vous pouvez envoyer vos commentaires sur le blog. Merci
Merci Olivier pour ce résumé très précis de vos aventures :)
RépondreSupprimerPar contre, j'ai pas trop compris pourquoi vous mangez des madeleines tout le temps :/ Faudrait alterner avec des petits beurres ;)
merci Gérard et Olivier de nous faire réver un peu
RépondreSupprimerje vous souhaite d'avoir meilleur temps pour la suite !
et la péche , cela donne quoi ?
Super récit ! ! !
RépondreSupprimerLes petites citations et commentaires de l'équipage nous permettent de vivre une partie du voyage avec vous. Et l'on sent que ce dernier a mis les marins à rude épreuve. Merci pour le descriptif détaillé et pour la photo de la carte qui permet de bien se rendre compte du trajet accompli.
Bon anniversaire Gérard! Chouette d'avoir pu le fêter dans une mer aussi peu clémente. J'espère que le repas a bien été savouré (et gardé) par les marins ;-)
Les photos sont belles, on espère que le voyage l'est aussi dans la tête des hommes qui le vivent. Ici à terre l'été semble commencer à s'installer, du moins sur Paris. Une pensée pour notre "scribe" qui n'en perd pas sa plume :-)
Bises à tous les deux, profitez et surtout... Bon vent!!!
Annabelle & Dorian
Félicitation pour ce récit détaillé....cela nous permet de le vivre avec vous...Bon vent!!!
RépondreSupprimerOups, avec qq. retard bon anniversaire Gérard...
RépondreSupprimerPour la pêche Palje est imbattable...quoique !
A très bientôt pour la suite que nous attendons avec impatience.
Bises aux 2 marins
Babeth