jeudi 5 juillet 2012

De la corona à sétubal


A Lydie, Leslie, Dorian,
Deuxième étape : De La Corona à Sétubal (Portugal)
A Coruna,  La marina : Latitude : 08 22 47. Longitude : 43 21 90
Cabo Finistere :             Latitude : 09 03 47. Longitude : 43 17 36
Ce samedi 30 Juin 2012, il fait beau dans le port de La Marina, et nous prenons le bulletin météo (Fichier « Zygrib ») qui nous annonce des vents modérés d’ouest à nord ouest. La fenêtre pour passer est de 24 heures, puisque des vents de sud ouest sont annoncés dans les 24 prochaines heures, et tous nos espoirs de passage s’envoleraient pour plusieurs jours. Une fois le cabo Finistere passé, alors nous toucherons les fameux alizés « Portugais » et c’est la descente assurée …….. Mais ceci est une autre histoire !!!
Il est 14h 30, lorsque nous larguons les amarres, après une escale bien sympathique, qui nous a permis de réaliser une cure de sommeil (Gérard est un fin connaisseur !!!) et de reprendre des forces physiquement. Du fait du peu de fréquentation, nous ne faisons pas la queue aux douches, et l’accueil est chaleureux, avec un salon « Internet, Wifi » qui permet de joindre nos proches par le fichier « Skype », son et image assurés, en vidéo conférence, s’il vous plait.
Mais revenons à notre monde de marins, ou les progrès modernes se résument à notre niveau, à la V.H.F qui émet dans la langue locale….. et au «Navtex » qui nous permet de recevoir dans le secteur une dizaine de zone maritime dans la langue du pays traversée. On arrive à traduire facilement surtout la direction et la force du vent. Un bulletin jour est émis et reflète rigoureusement la situation rencontrée, ce qui est plus rassurant que certains fichiers, très ludique, mais qui nous font des frayeurs ……..
Pour les actualités mondiales, et afin de ne pas être trop déconnectés du monde des « Vivants », « Joviline » a recruté un ancien « Poste – Télégraphe » prénommé « G .G. » qui comprend le morse, et recherche les ondes de radio (France Inter ou R.F.I) sur un vieux poste recevant en Bande Latérale Unifiée, (B.L.U.),dont il m’avait vanté les mérites, mais qui ne semble plus convenir à notre opérateur, puisqu’à aujourd’hui, aucun son audible ne sort de cet appareil ……
Après avoir respecté, le balisage de sortie du port, nous hissons les voiles en prenant un ris dans la grande voile, afin de respecter les limites de « Joviline » (Cf La première étape) Nous sommes au plus prés du vent, et « Joviline » file tranquillement à quatre nœuds, bien dans son assiette. L’option choisie et de tirer le long de la côte afin de .profiter du paysage et des courants importants. Et l’option paye ….. A 21 heures, nous passons la première étape de l’extrême ouest de notre continent européen, les iles « Sisagars », avant de commencer à descendre vers le Cabo Finistere, que nous atteindrons à 5 heures du matin, avec un vent tournant au nord ouest en mollissant.




Le dimanche 1 Juillet 2012
Cabo Finistere :             Latitude : 09 03 47. Longitude : 43 17 36
Zone de Porto                Latitude : 09 34 25. Longitude : 41 53 76
« Joviline » se réveille donc, dans une lumière blafarde d’un temps frais et humide, devant le mythique Cabo Finistere, qui marque « Le passage à niveau » que tous les marins connaissent entre les dépressions de sud ouest qui remontent vers nos belles côtes françaises, et le début des alizés portugais.
Ce respect de la nature, nous allons le subir, puisque le vent mollissant devant notre cabo, va nous laisser sans vent pendant près de 3 heures, dans une mer hachée, et une houle de un mètre. « Joviline » a le gréement qui bat dans tous les sens et c’est désagréable pour nos oreilles et surtout celles de Gérard, qui dans un dernier courage appui sur le bouton « moteur ». J’en profite pour lui dire que les vents vont tournés et qu’il faut être patient !!! Il me répond afin de ne pas perdre la face « Olivier, tu as des dates à respecter, il faut avancer. » (Une pensée à mes collègues de travail) Je décide donc d’aller me coucher. Après un repos bercé au son du moteur « diesel », j’entends la manette des gaz ralentir, et mon Gérard de dire que le vent rentre de nord.
Nous avons gagné 10 miles vers le sud, alors que nous en avons 380 miles à réaliser !!! Les vents s’établissent au nord ouest 2 à 3 beaufort et « Joviline » glisse sur une mer hachée à 4 nœuds. La soirée s’annonce plus musclée. Les vents fraichissent dans le nord ouest 4 à 5 beaufort et « Joviline » réalise des pointes de vitesse, si l’on peut dire à 7 nœuds.
Dans la nuit, les vents tournent au nord mollissant et mettent notre fier vaisseau dans une situation de « Fausse panne ». Les amateurs de voile comprendront que cette situation est dangereuse pour le gréement du bateau, mais aussi pour l’équipage si par malheur la bôme (Pièce métallique transversale) venait à passer en une fraction de seconde de bâbord à tribord ou vice versa.  (Attention la tête et les conséquences qui peuvent être dramatique : De la simple bosse, au coma par choc violent, voir pire !!!) La prudence s’impose et nous décidons de mettre « Joviline » à 160 du vent, ce qui a pour effet de rallonger notre trajectoire.

Le lundi 2 Juillet 2012
Zone de Porto                Latitude : 09 34 25. Longitude : 41 53 76
Zone de Porto                Latitude : 09 18 03. Longitude : 39 43 42
Les vents restent donc orientés au nord, entre 3 et 4 beaufort, dans une mer hachée, avec une houle courte de un mètre. L’après midi, les vents se renforcent un peu pour atteindre 5 beaufort, et c’est ainsi que « Joviline » trace sa route tranquillement à 160 du vent, ce qui nous oblige à faire quelques empannages pour ne pas s’éloigner de notre trajectoire. La moyenne de vitesse de « Joviline sera de 5,5 nœuds pour cette journée. Nous réaliserons donc sur 24 heures une moyenne journalière de 130 miles. Rien à comparer avec nos bateaux professionnels qui peuvent avaler des 600 à 700 miles jours.
Nous passons donc de la ville de « Vigo » en Espagne, à « Porto » au Portugal. Gérard, très citoyen, souhaite que nous arborions dans notre mâture, le drapeau du pays traversé. Et c’est ainsi, que nous avons levé par deux fois les couleurs des dits pays. (Cf. photo).

Le mardi 3 Juillet 2012
Zone de Porto                Latitude : 09 18 03. Longitude : 39 43 42
Setubal (Portugal)        Latitude : 0 8 55 90 Longitude : 38 29 22
A une heure du matin, je passe le quart à Gérard et lui indique que nous approchons des iles « Berlangas ». Il faut passer entre les iles et le continent. Deux virements seront nécessaires, si nous ne voulons pas nous échouer !!! Les manœuvres sont réussies et vers 6 heures, à ma prise de quart, les iles sont sous notre vent.
A  9h 30, le vent est faible, dans une mer calme, toujours orienté au nord, nord ouest. Nous décidons d’envoyer le spi (Voile en forme de bulle) qui va nous permettre d’augmenter notre vitesse de un nœud, mais aussi et non des moindre, nous enlever cette impression de roulis et de ballottage permanent. Nous avalons miles, après miles et passons devant le village de Nazaré (Des souvenirs reviendront pour certains …..) et les «Caps »  s’enchainent :  Cabo Da Roca – Cabo Raso. Il est 17 heures et nous filons dans l’estuaire de l’embouchure du « Tage », en face de Lisbonne lorsque le vent fraichi et nous oblige à affaler notre spi. Huit heures, avec le spi et une belle journée ensoleillée, nous remonte le moral. Notre première journée à mettre le maillot de bain, et à se tremper simplement les pieds..
A 17h 3O, nous sommes dans le chenal d’accès aux navires remontant ou descendant « Le Tage » lorsqu’il faut prendre la décision de prendre deus ris et d’enrouler le génois. Heureusement, il n’y avait pas de navires à proximité !!!  En effet, en moins d’une demi heure, le vent a fraichi de 2 à 3 beaufort à près de 6, voir 7 dans les rafales. « Joviline » fleurte avec des risées qui l’amène à avancer à 6 nœuds, malgré la réduction de la voilure. Il nous faut aller chercher le « Cabo Espichel » avant de remonter vers Sétubal.
Il est 20h 3O quand nous passons le cap, et  nous pensons que nous serions à l’abri du vent. Mal nous en à pris……Des vents appelés des vents « catabatiques »                 renforcent de un beaufort et nous frisons les 35/4O nœuds. « Joviline » n’a plus qu’une partie du génois pour avancer encore à 6, 5 nœuds, la grande voile étant en faseillement, en attendant l’accalmie une demi heure après. Nous finissons le trajet au moteur, du fait de l’irrégularité des vents derrière la montagne haute de 150 m à 650 m.
Nous arrivons à Setubal à une heure du matin dans un chenal à contre courant, et avec le vent dans le nez. Après avoir trouvé péniblement le port dit de « Plaisance »,  ou vingt voiliers locaux donnent une idée de ce que veut dire le mot « voile » en Portugais » nous sommes accueillis par la « Guardia civil » qui demande de nous présenter avec les papiers du bateau (Acte de francisation) et les cartes d’identité « passeportes ». Nous pensions à aller nous coucher….. Mais vu l’inflexion de nos « carabineros », nous nous exécutons. Une heure de palabre pour remplir leur formulaire dans une cabane sentant l’odeur de cigarettes et du chef qui arrive trois quarts d’heure plus tard, pour vérifier si les subalternes ont bien rempli les dits « papiers »…… Gérard est au bord de la crise de nerfs !!! Nous détendons l’atmosphère avec la coupe d’Europe et  les brillants résultats de nos deux pays. !!!
Il est deux heures du matin, et nous avons le feu vert pour aller dormir profondément dans notre couchette, sans un bruit, sans un tangage incessant et sans entendre la relève de quart. « Bonne nuit, les petits »

Quelques réflexions sur la préparation et le déroulement d’une journée au quotidien :
De ces huit jours de mer, la vie à bord s’est donc installée.. Avec Gérard, nous avions fait connaissance sur son bateau précédent, un « Fantasia », plan « Harlé », mais sans se connaître,  ou avoir vécu plus de 24 heures dans un bateau pour une croisière à l’ile d’Yeu. Pour ce qui me concerne, après avoir couru sur dériveurs, j’ai eu l’opportunité de régater sur des bateaux habitables du Dufour 4800, au First Bénéteau 45 F5, en passant aujoud’hui sur un First 31.7, qui est un redoutable bateau de régate, malgré son âge de 15 ans. J’ai plus l’esprit de régate, et de faire avancer un bateau à son rendement maximum, que de boire une bière ou sucer des glaçons sur un redoutable bateau de croisière taillé pour rester dans un port, plutôt que de naviguer sous toutes les mers du monde. De nos centres d’intérêt différent, rien ne nous disposait  à réaliser cette aventure de trois semaines, à vivre confiné dans un espace de 6 m2, à dormir par période de 4 heures, ou les mouvements saccadés et violents, ainsi que le bruit incessant des voiles et du gréement vous donne l’impression de dormir une heure par jour. L’humeur en prend un coup, et la fatigue aidant, un mot plus haut que l’autre peut finir en conflit qui oblige la personne embarquée à prendre son baluchon et à descendre à la prochaine escale. Mais rien de tel, pour ce qui nous concerne, chacun ayant trouvé sa place, s’en déranger l’autre.
Je vous résume donc une journée à bord de « Joviline ». A une heure du matin, je cède mon quart à « Gérard » et l’informe par des mots doux « Gérard, il est l’heure ». Comme dans un mauvais rêve, Gérard ne croit pas que c’est déjà son tour…. Et pourtant !!! De une heure à cinq heures, voir six heures, suivant la fatigue du capitaine, une voix me réveille par ces mots « Monseigneur ». Nous faisons le point : le cap, la force du vent, la visibilité, la présence de bateaux dans le secteur et en route. Gérard se recouche et je prépare un bon café, avec l’indémodable cafetière « Seb ». Puis à 8 heures, le petit déjeuner, avec chocolat, lait, et tartine beurre, confiture. Gérard me rejoint,  et ensuite je repars m’allonger de 10 h. à midi. Entre temps, Gérard bricole et à midi, nous sommes en forme pour boire l’apéro, et préparer un repas. Après ce menu idyllique dans une météo à peu près clémente, notre capitaine part réaliser une sieste variable dans le temps. J’en profite tout en gardant un œil sur le G.P.S. fixe de la table à carte, à lire un livre sur la vie du rail dans les années 1930. (Merci Marie Anne de me l’avoir offert) A  20 heures, nous mangeons plus légèrement, avec œufs sur le plat, ou le pâté maison (Merci à Poupou). Gérard repart faire un petit « dodo » avant sa prise de quart de une heure du matin. Nous sommes étonnés, mais les journées passent vite.
Pour réaliser ce déroulement de journée, à deux personnes, il faut enlever le temps d’amarinement, qui a représenté trois jours de désagrément dans une mer difficile, avec beaucoup de vent, et une position la plus défavorable pour l’avance du bateau. (Le prés serré).
Vendredi 6 Juillet nous mettons les voiles, si la météo le permet, vers Gibraltar que nous pensons atteindre dimanche 8 ou lundi 9 Juillet.
Nous vous disons bonne lecture des exploits de « Joviline » et n’hésitez pas à mettre vos réactions et commentaires sur le site. Nous pourrons alors vous lire, si toutefois nous arrivons à pouvoir avoir du réseau internet, via la wifi, ce qui n’est pas le cas de Sétubal. Recherche d’un réseau soit à la mairie ou à la bibliothèque, d’après notre chef de port…..


A bientôt sur d’autre Latitude………..
Gérard, Le Capitaine barbu, hirsute, et décontracté.
Olivier, la plume du Capitaine, matelot, skipper à ces heures.











4 commentaires:

  1. GG et Olivier : c'est génial, bravo à vous 2...

    Je suis captivée par votre récit...Une superbe expérience...

    Je ne sais pas si l'on peut se fâcher avec notre GG national.....C'est vrai que les conditions et la promiscuité peuvent altérer l'ambiance....
    Mauvaise humeur, grognon, vu les difficultés rencontrées peut-être mais son humour et son optimisme ont toujours eu le dessus...

    Hervé avait raison de vouloir te retrouver à Alicante, il était cool et n'aimait pas les conditions galères et musclées, il avait vu juste !
    Je crois qu'il n'aurait pas aussi bien supporté ce temps !

    Je pense que la pêche pour l'instant est passée au second plan ! N'oublie pas la pêche à la boîte de sardine !
    Belle continuation à vous 2
    Et bravo à la plume du capitaine...Par la suite Tu vas sacrément lui manquer sur tous niveaux à notre cher" captain GG"
    Bises
    Babeth

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  2. Admirative devant cette endurance et cette Passion.

    Bonne navigation

    Sourire de la terre !

    Marie France

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  3. coucou GG et Olivier, heureusement que notre amie Babeth est avec moi, car
    pour vous envoyer un message, quelle galère, enfin je suis arrivé.
    Nous lisons vos aventures avec plaisir et attendons avec impatience la suite.
    Bon vent les navigateurs

    Kathrin Patrick et Babeth

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  4. Ce poste dédicacé tombe à pic car captivées par votre récit nous avons tenté maintes et maintes fois de publier un commentaire... En vain !
    Espèrons que celui-ci sera le bon tout comme votre départ aujourd'hui vers l'Ile de Majorque !!

    Nous sommes heureuses et attendries de vous lire et de pouvoir compter autant de détails dans votre périple qui doit vous en mettre plein les yeux tous jours !... Le rêve d'Olivier se réalise pour son plus grand bonheur, le notre et bien sur pour Gérard ! Quelle expérience !!

    De notre côté tout se passe pour le mieux, les jours sont se suivent et se font de plus en plus longs... Nous sommes en manque de Skype depuis notre dernière entrevue et espérons pouvoir en faire de nouveau avant le retour d'Olivier vers notre Ile !

    La prévision du retour est apparemment prolongée puisque vous prévoyez 5-6 jours vers aller en direction de Majorque ?! ...

    Dans l'attente de vous lire de nouveau avec empressement,

    Énormes baisers à notre marin puis au capitaine ! Profitez bien de cette aventure, en espérant que les vents vous portent au plus vite vers votre destination !

    Lydie & Leslie.

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