mardi 31 juillet 2012

De Gibraltar à a Palma.La der ders der!!!!.




 De Gibraltar à Palma. La der des der !!!!.

A Hervé, A Babette............

Le mardi 10 Juillet 2012. Gibraltar.          Latitude: 05 15 49. Longitude: 36 07 12.
                                         Zone Alboran. Latitude: 04 12 96. Longitude: 36 24 43.

Ce matin, il fait beau sur le rocher de Gibraltar et « Joviline » doit mettre les voiles, si nous voulons respecter les délais d'arrivée .
Gibraltar, ne nous laissera pas un souvenir de quiétude et de repos. La proximité de l'aéroport, nous fait entendre le décollage des avions de chasse toutes les heures. On se croirait en période de guerre, ou de manifestation de force de nos amis anglais. De plus, les espagnols, nous font des concerts de klaxons, puisqu'ils font la queue pour rentrer sur le « Caillou », mais les anglais ont édifié une véritable frontière avec tous les contrôles qui vont avec....
Lors de notre arrivée, nous pensions être à Gibraltar, mais les espagnols ont créé depuis deux ans un port de huit cents anneaux en limite de la zone franche, cinquante pour cent vide et qui nous a attiré!!!! Nous sommes donc en Espagne, et non en Angleterre... Il faut une heure à pied, sac au dos, lunettes et chapeau de rigueur, pour se rendre dans le centre de Gibraltar. Le capitaine décline mon invitation, ne supportant pas la chaleur, et je pars pour une visite et quelques achats, soient disant hors taxe. Gérard n'aura rien perdu de l'excursion.... On se croirait dans une caserne: Des militaires, des gendarmes omniprésents, avec une seule rue marchande et un petit port de plaisance pouvant recevoir au maximum une centaine de bateaux à voile.

Nous larguons les amarres à 11 h 45, et nous faisons le plein de gaz oil...... à Gibraltar, afin de bénéficier de la détaxe!!! Pas de queue. C'est parfait. 
Nous voilà donc dans la baie, à louvoyer entre les tankers au mouillage. L'odeur de fuel et de kérosène nous remontent dans les narines!!!
La brise d'Ouest est timide dans la baie, et confiant nous hissons les voiles. Mais en arrivant dans le détroit, la mer se lève et les vaguelettes frisent sur l'eau. Je regarde l'anémomètre: 25 à 30 nœuds d'Ouest. Nous prenons deux ris immédiatement dans la grande voile et enroulons le génois à trois points. Le décor est planté: vent portant et « Joviline » file à 6,5 nœuds au 80, vers le Cabo de Gata à 150 miles. Ce cap se situe à l'extrème Sud Est de l'Espagne, et ensuite, c'est la remontée vers le Nord.
Le capitaine est résigné........ Encore une mauvaise nuit en perspective!!! J'essaye de lui remonter le moral en lui disant que le vent va mollir avec la tombée de la nuit, mais rien n'est moins sûr!!! 

Le mercredi 11 Juillet 2012. Zone Alboran. Latitude: 04 12 96. Longitude: 36 24 43.
                                             Zone Alboran. Latitude: 01 40 05. Longitude: 37 19 41.

En effet, le vent mollit doucement dans la nuit, tout en restant soutenu. Nous parcourons 110 miles en 24 heures. Le soleil se lève vers 7 h 30, et une brume sur la côte nous empêche de voir le relief. Nous ne sommes qu'à 5 miles de la terre, option prise afin de perdre du vent, toujours d'Ouest.
Vers 20 heures, c'est la « Pétole » et qui dit « Pétole » dit moteur. Nous sommes en vue du Cabo de Gata, et à 22 heures, le phare illumine la nuit. Nous progressons à 
4,0 nœuds. Le phare nous accompagnera tout au long de la nuit, et Gérard de quart, ne verra que cette lueur qui s'éloigne progressivement vers 4 heures du matin. 

Le jeudi 12 Juillet 2012. Zone Alboran.    Latitude: 01 40 05. Longitude: 37 19 41.
                                       Zone Cabreras. Latitude: 00 48 40. Longitude: 37 52 91.

Nous remontons le long de la côte Est de l'Espagne, cap au 35, et toujours au moteur. Direction le Cabo de Palos. Distance 120 miles. Pas le moindre souffle d'air sur cette mer méditerranée. 
Nous croisons un voilier qui nous arrive sur tribord, et un petit chalutier sur la même amure. Attention au collision!!! Ces deux navires se sont présentés à une heure d'intervalle, dans la nuit, et je les ai vu au dernier moment, en sortant prendre le frais sur le pont. Nous avons un détecteur sonore, que nous pouvons régler à une certaine distance, mais il sonne en permanence et il n'est pas possible de réduire l'intensité sonore ou de couper le son et de garder la partie lumineuse. Vigilance... Nous voulions préserver nos nuits avec moins de bruits!!! Pas évidents...........

Le vendredi 13 Juillet 2012. Zone Cabreras. Latit. Ouest:   00 48 40. Longitude: 37 52 91.
                                             Zone Cabreras. Latititude Est: 01 37 51. Longitude: 38 39 58.

Il est minuit, lorsque nous laissons le Cabo de Palos sur babord. Au sud du cap, se situe la ville de Carthagène, et nous apercevons les lueurs de la citée. Toujours pas de vent, et donc moteur. Nous allons croiser le rail montant et descendant des navires de gros tonnage. Attention!!! Nous avançons à 4,2 noeuds, et ces bateaux nous croisent à 25 nœuds. Lorsque vous les voyez à peine à l'horizon, une demi heure après ils sont à votre niveau. La chance nous sourit malgré le jour........ et nous passons entre deux navires montant et descendant, mais derrière eux. 
Direction les Baléares et notre première ile rencontrée: Ibiza........ La nuit et la fête!!! à 140 miles. Mais pour un marin, c'est l'isla de Formentera et son phare qui nous intéresse. 
Vers 8 heures du matin, une légère brise nous arrive dans le 100, et le moteur s'arrête après 38 heures de bons et loyaux services. Gérard me dit de surveiller la jauge, mais nous sommes dans le vert, donc encore quelques heures de moteur possible.
Nous pouvions mettre le spi, mais l'équipage est fatigué, et il faut mieux assurer, si le vent monte d'un coup. Avec notre chance!!! 
Plus de terre en vue, et un bateau « Pilot » va nous doubler à 30 nœuds, en nous saluant toute sirène hurlante. «Joviline » avance tranquillement à 4,5 nœuds, et j'annonce au capitaine, une arrivée pour Samedi 14 Juillet vers 12 h.
Le capitaine est épuisé, et m'annonce qu'il ne peut plus assurer de quart. Je prends donc la responsabilité d'assumer seul, cette nouvelle nuit, et m'organise pour dormir une demi heure, puis quart du même temps et ainsi de suite.......... La nuit est calme et nous virons la pointe de l'Isla de Formentera vers 1 heure du matin.

Le samedi 14 Juillet 2012. Zone Cabreras.     Latitude Est: 01 37 51. Longitude: 38 39 58.
                                           Palma de Majorque. Latitude E: 02 38 50. Longitude: 33 39 45.

A 11h 30, le vent molli et nous sommes à 20 miles d'une arrivée qui se fait attendre....Je remets le moteur en laissant toujours la grande voile en appui. Je remarque que le temps est orageux, et quelques gouttes de pluie m'accompagnent. Vers 13 heures, le vent tourne au Nord Est et se renforce rapidement pour atteindre 25 à 30 nœuds. La mer grisonne et je sens que la mer méditerranée ne veut pas nous faire de cadeau à 11 miles du port.
Nous connaissons bien les limites de « Joviline »: Vent dans le nez, avec une mer forcissant, et notre fier vaisseau baisse les bras. Je suis au moteur, avec l'appui de la grande voile et nous n'avançons plus. Je prends un ris afin d'éviter de se vautrer et il va falloir une fois de plus « Avaler son chapeau ». Je reprends la barre pour essayer de passer la vague au mieux et éviter de taper,ce qui arrête net le bateau, mais nous n'avançons plus, voir pire!!!
Il n'y a plus qu'à attendre que le vent molisse!!! Je pense qui si le vent est monté rapidement, il mollira aussi vite.... Mais mes connaissances météorologiques s'arrêtent là, et malgré un ciel qui se dégage, je ne vois pas une lueur d'espoir!!!
Le capitaine me demande l'heure d'arrivée, mais je reporte l'échéance d'heure en heure. 
Au bout de trois heures, l'anémomètre donne des signes de fatigue et je le vois repasser à 20, 22 nœuds. Le vent tourne de 30 degrés, signe que le coup de vent est fini, et nous repartons vers notre destination finale que nous atteindrons à 18 heures.

Notre galère n'est pas finie!!!! On ne peut pas dire que le port de Palma nous accueille à bras ouvert.... Auriez vous pensé que dans un port de 800 places, il ne soit pas possible de recevoir des visiteurs? Dans les différentes marinas que nous traversons, on nous fait comprendre qu'il faut repartir, et si nous insistons pour prendre une place, vous avez un employé zélé qui vous poursuit en mobylette et vous dit «Ha Out !! ». On se croirait dans un mauvais rêve... Après deux heures d'errance, je décide d'amarrer « Joviline » à un bout de ponton en béton, et de crier « Le doctor ». 
Le capitaine est souffrant et une solidarité va s'installer immédiatement. Un couple d'allemand, dont la femme est médecin, se précipite sur le bateau et examine et réconforte notre capitaine. La traduction est plus que difficile pour traduire l'état du marin. Une jeune allemande se met de la partie pour traduire en français les premiers symptômes. Un Suisse, parlant le français et l'espagnol, fait le nécessaire pour prévenir la capitainerie... Et tout s'enchaîne, jusqu'à l'arrivée du SAMU, qui évacue notre client pour une révision générale de l'état de santé dans une clinique de Palma.
Et maintenant, il faut penser à « Joviline ». Je négocie une place pour quelques jours. La capitainerie me donnera un anneau dès le lendemain matin, avec l'eau et l'électricité, en me promettant que le bateau peut rester le temps qu'il faudra. Me voilà rassuré, et l'hôtesse d'accueil fera tout pour m'aider dans les démarches.

Aujourd'hui,  vendredi 27 Juillet 2012, je peux réconforter tous les supporters de Gérard. Notre capitaine a retrouvé le moral, sa verbe et son humour d'avant départ. Une mauvaise infection, a gâché une grande partie de ces trois semaines de navigation, qui aurait pu être enrayée dès le départ. Beaucoup de récits de voile, relate des incidents ou des négligences de soins, qui peuvent obliger un équipage à demander des secours en mer, et donc refroidir une ambiance qui se voulait des meilleurs!!! Sacré Gérard!!! Tu nous a fait peur........

Les remerciements:
A Gérard, qui pendant ces trois semaines de navigation a su me faire confiance pour mener, sans encombre « Joviline », dans quatre ports. Le choix de la navigation, les parcours, les options, les relâches nécessaires lorsque la météo l'exigeait, tout a été décidé ensemble, avec concertation et responsabilité qui ne mettait pas la vie de l'un ou de l'autre en danger.
Gérard a préparé son bateau pendant un an, et rien n'a été oublié, que ce soit de la révision des voiles, des bouts, des instruments de navigation, en passant par le carénage, le nettoyage du pont, la vérification du mouillage etc... L'autonomie électrique a été assurée par des panneaux solaires qui approvisionnaient deux batteries de 110 ampères, une troisième batterie ne servant que pour le démarrage du moteur. Nous consommions la nuit d'une durée de sept heures, 40 ampères qui étaient rechargés en quatre heures par le solaire.
Seul, le pilote automatique nous a lâché deux fois, mais dès le départ ce qui nous a permis de revenir sur nos pas, (Cf les récits) et dont les symptômes n'ont pas été détectés quelques semaines auparavant. (Vive l'électronique!!!)
A ma femme, Lydie, et mes enfants, Leslie et Dorian qui m'ont laissés vivre mon rêve de naviguer en semi hauturier pendant plus de trois semaines, sans nouvelle, sauf dans les ports, et qui ont gérés le quotidien sans appréhension.

A Alizée, et Wilfried, que je connais peu ou pas, qui ont permis à leur père de vivre cette aventure et dont ils peuvent être fiers de son endurance, de sa ténacité, de son courage à avoir accompli pendant 1500 miles, dans des conditions météorologiques difficiles, ce périple que dix pour cent des plaisanciers du monde réalisent. 

A Hervé, d'où tu nous regardes, je ne sais pas comment tu as formé tes mousses, mais ils ont appris bien sùr à naviguer, à être prudent et responsable, et surtout endurant quelque soit les circonstances, à surmonter leurs problèmes physiques et moraux, à ne pas montrer leur détresse afin de ne pas faire perdre le moral de l'équipage. 
Bravo, Monsieur Hervé.


Le Capitaine, tétu, renfrogné, mais avec un cœur d'or.... Alors nous te souhaitons un prompt rétablissement et n'oublit pas de faire une petite révision avant tout nouveau départ!!! Un marin avertit en vaut deux!!!
Chapeau bas Monsieur Gérard!!! et bon vent sur d'autre zone...........

La plume qui s'envole en ce mardi 17 Juillet 2012, avec le sentiment du devoir accompli, d'avoir mené à bien, le bateau et l'équipage à bon port, sans une égratignure pour les uns et pour les autres.

lundi 9 juillet 2012

joviline du meilleur comme du pire!!!


A Alizée ,Wilfried
De Setubal à Gibraltar.
« Joviline » Capable du meilleur, comme du pire ……..
Vendredi 6 Juillet 2012  Sétubal                            Longitude : 09 06 00. Latitude : 38 24 86
                                               Zone de Säo Vicente : Longitude : 09 02 23. Latitude : 37 05 55

« Joviline quitte Setubal à 9h 30,  emmené par le courant  de l’estuaire du Rio Sado. Il fait un temps superbe, soleil et crème à bronzé au programme. Le vent est faible de secteur Nord, toujours nos alizés portugais. Nous sommes sans changement sous la « fausse panne » et nous  mettons le cap au 180, en direction du cabo Sines à 70 Miles au Sud. Le spi est envoyé à 12H 30.

Sétubal nous a laissé un bon souvenir. Gérard était content de ne pas trop marcher. Les commerces et restaurants sont à cinq minutes de la marina, et nous avons trouvé la wifi, non pas au port, mais à la bibliothèque municipale, ce qui nous a permis de vous transmettre notre deuxième étape. Aucun visiteur comme nous ne s’est présenté, et le responsable du port nous dit qu’il y a une baisse de la fréquentation depuis la crise économique. Son seul client de la semaine est parti pour Gibraltar.
Et Gibraltar ça se mérite !!! Vers 14h 30, nous affalons le spi, car le vent fraichi dans le  Nord Ouest. De force 2 , nous passons à 3, puis 4, pour atteindre à 16h 30 force 7, et les vagues qui vont avec !!! Prise de deux ris dans la grand voile et enroulement du génois. On connaît !!! « Joviline » grince, se couche sous l’effet de la houle, surf sur les vagues capricieuses pour se payer une vitesse de 9,2 nœuds, ce qui est bien pour ce type de bateau. L’équipage souffre. Imaginez vous dans un tambour de machine à laver pendant 10 heures. Nous marchons sur les parois, dit le capitaine qui sent une nouvelle nuit très agitée, puisqu’il fait des bonds dans sa couchette. Et nous dévalons les 180 miles jusqu’au Cabo de Säo Vicente en moins  de 15 heures, soit à une moyenne de 5,3 nœuds. Puis à minuit, nous virons ce cap mythique que tous les marins connaissent, et qui est renommé pour ses vents violents et sa houle importante, au même titre que le cabo Finistère.

Samedi 7 Juillet  2012  Zone de Säo Vicente : Longitude : 09 02 23. Latitude : 37 05 55
                                            Zone de Säo Vicente : Longitude : 06 44 62. Latitude : 36 17 24
Il est une heure du matin quand nous virons le cap de Säo Vicente, et nous mettons le cap au 110, ce qui va nous permettre de perdre de la houle et du vent derrière le cabo qui culmine à environ 400 mètres d’altitude. Et en effet, tout s’apaise : le vent et la houle. Mon quart est fini …… Et je peux m’endormir tranquillement dans une mer qui s’apaise. Le Gérard est par contre en colère, après ces éléments qui ne lui laissent peu de place pour un bon sommeil réparateur.
Lorsque je reprends mon quart à cinq heures, Gérard a hâte de retrouver la sienne pour peut être connaître le repos du capitaine. En effet, le vent est tombé et je renvoie du génois, ainsi que de la  grande voile. Pas de perte de temps. Je n’ai pas de grandes vacances de retraité !!! (A ma collègue qui pose mes congés, et les annulent..) « Joviline » trace doucement sa route vers Gibraltar qui est à 200 miles, dans une mer peu formée, et à une allure de 5,5 nœuds. L’équipage se remet doucement de cette nuit plutôt très agitée, et vers  13 heures, devant le cabo Ddanda Maria, nous envoyons le spi pour une ballade de 8 heures, sous le soleil, torse nu enfin. « Joviline avale les miles à 6 nœuds et c’est ainsi que nous atteindrons le cabo de Trafalgar vers 5 heures le dimanche matin.

Dimanche 8 Juillet 2012  Zone de Säo Vicente : Longitude : 06 44 62. Latitude : 36 17 24                                                                                                                                                                                                 
                                                 Gibraltar :                      Longitude : 05 22 30 Latitude : 36 08 00
La relève de quart s’effectue normalement à une heure du matin, et j’en profite pour donner toutes les informations d’usage au capitaine, un peu moins « grognon » du fait que le sommeil l’a pris. Nous sommes à 60 miles (110 km) de toute terre, en direction du cabo de Trafalgar. Aucun phare n’est visible à cette distance. Seul, de vagues lueurs blafardes, dans une légère brume, nous font penser qu’une ville pollue de sa lumière notre ciel bien clair, qui laisse monter une lune au trois quart pleine. Pour information, une nuit noire en mer n’existe pas, puisque même dans un brouillard extrême, le reflet de l’eau amène une luminosité fluorescente.
Après lui avoir signalé un bateau dans le bâbord, qui ne semble pas avancé, je prends la position allongée pour quatre heures, et je reconnais que mon subconscient s’est évadé. La mer est belle à peu agitée, et le génois qui a remplacé le spi à la tombée de la nuit, nous assure une avance de 20 miles de plus. Gérard me passe la main, pour me dire que le navire qui n’avançait pas, était un bateau « Usine » que des petits bateaux ravitaillaient de leur pêche locale.
Mais le vent tombe rapidement en mon début de prise de poste, pour finir en « pétole » pendant six heures. Nous sommes devant le cabo de Trafalgar que nous ne voyons pas s’éloigner. Vers 10 heures nous mettons le spi, mais après un léger souffle, ce dernier s’essouffle pour ne plus être qu’un vulgaire drap « à sécher ». En six heures, nous n’avons progressé que de …..5 miles et nous décidons de mettre le moteur pour 2h 30 m
Qui dit moteur, dit ……. dormir pour le matelot !!! et cap vers le détroit de Gibraltar ou je donne mes consignes. Mais une heure plus tard, le capitaine est désemparé puisqu’il voit au loin des rochers droits devant et que sur le G.P.S., tout est clair. Il me réveille, et  je l’informe que les rochers qu’il voit est ni plus, ni moins que les côtes du …….  Maroc !!! Ouf l’inquiétude s’estompe et il me réveille devant le phare de Tarifa, ou la brise d’ouest semble rentrée. Nous sommes alors dans le détroit, et nous avons la chance d’avoir le courant avec nous. Nous sommes séparés par une barrière fictive du rail des navires commerciaux, qui remontent vers l’Ouest, ou descende vers l’Est, les un derrière les autres, du plus petit caboteur, aux navires « Container » de 500 000 tonnes.
Il nous reste 15 miles pour rentrer dans la baie de Gibraltar, qui n’a rien d’un rêve, puisqu’au moins une quinzaine de navires marchands sont au mouillage, et qu’il nous faut louvoyer dans une odeur de vapeur de fuel et d’essence, pour arriver devant le port de Gibraltar qui laisse apparaître au loin des buildings à n’en plus finir, désordre de l’anarchie immobilière et financière.
A 19 heures nous rentrons dans une marina, qui se situe à la limite de la frontière de Gibraltar, sur le territoire espagnol, marina récente et à cinquante pour cent occupée. « Joviline » réalise sa troisième escale. A nous le rocher !!!

La prochaine escale et la dernière est donc « Majorque », avec un départ prévu le mardi 10 juillet 2012, pour cinq à six jours de mer suivant les conditions météorologiques.

Gérard, le capitaine, apaisé, et serein devant son troisième défi.
Olivier, la plume, qui réalise son rêve de marin de l’atlantique Ouest à la méditerranée.

A bientôt de vous lire sur notre blog « Joviline »







jeudi 5 juillet 2012

De la corona à sétubal


A Lydie, Leslie, Dorian,
Deuxième étape : De La Corona à Sétubal (Portugal)
A Coruna,  La marina : Latitude : 08 22 47. Longitude : 43 21 90
Cabo Finistere :             Latitude : 09 03 47. Longitude : 43 17 36
Ce samedi 30 Juin 2012, il fait beau dans le port de La Marina, et nous prenons le bulletin météo (Fichier « Zygrib ») qui nous annonce des vents modérés d’ouest à nord ouest. La fenêtre pour passer est de 24 heures, puisque des vents de sud ouest sont annoncés dans les 24 prochaines heures, et tous nos espoirs de passage s’envoleraient pour plusieurs jours. Une fois le cabo Finistere passé, alors nous toucherons les fameux alizés « Portugais » et c’est la descente assurée …….. Mais ceci est une autre histoire !!!
Il est 14h 30, lorsque nous larguons les amarres, après une escale bien sympathique, qui nous a permis de réaliser une cure de sommeil (Gérard est un fin connaisseur !!!) et de reprendre des forces physiquement. Du fait du peu de fréquentation, nous ne faisons pas la queue aux douches, et l’accueil est chaleureux, avec un salon « Internet, Wifi » qui permet de joindre nos proches par le fichier « Skype », son et image assurés, en vidéo conférence, s’il vous plait.
Mais revenons à notre monde de marins, ou les progrès modernes se résument à notre niveau, à la V.H.F qui émet dans la langue locale….. et au «Navtex » qui nous permet de recevoir dans le secteur une dizaine de zone maritime dans la langue du pays traversée. On arrive à traduire facilement surtout la direction et la force du vent. Un bulletin jour est émis et reflète rigoureusement la situation rencontrée, ce qui est plus rassurant que certains fichiers, très ludique, mais qui nous font des frayeurs ……..
Pour les actualités mondiales, et afin de ne pas être trop déconnectés du monde des « Vivants », « Joviline » a recruté un ancien « Poste – Télégraphe » prénommé « G .G. » qui comprend le morse, et recherche les ondes de radio (France Inter ou R.F.I) sur un vieux poste recevant en Bande Latérale Unifiée, (B.L.U.),dont il m’avait vanté les mérites, mais qui ne semble plus convenir à notre opérateur, puisqu’à aujourd’hui, aucun son audible ne sort de cet appareil ……
Après avoir respecté, le balisage de sortie du port, nous hissons les voiles en prenant un ris dans la grande voile, afin de respecter les limites de « Joviline » (Cf La première étape) Nous sommes au plus prés du vent, et « Joviline » file tranquillement à quatre nœuds, bien dans son assiette. L’option choisie et de tirer le long de la côte afin de .profiter du paysage et des courants importants. Et l’option paye ….. A 21 heures, nous passons la première étape de l’extrême ouest de notre continent européen, les iles « Sisagars », avant de commencer à descendre vers le Cabo Finistere, que nous atteindrons à 5 heures du matin, avec un vent tournant au nord ouest en mollissant.




Le dimanche 1 Juillet 2012
Cabo Finistere :             Latitude : 09 03 47. Longitude : 43 17 36
Zone de Porto                Latitude : 09 34 25. Longitude : 41 53 76
« Joviline » se réveille donc, dans une lumière blafarde d’un temps frais et humide, devant le mythique Cabo Finistere, qui marque « Le passage à niveau » que tous les marins connaissent entre les dépressions de sud ouest qui remontent vers nos belles côtes françaises, et le début des alizés portugais.
Ce respect de la nature, nous allons le subir, puisque le vent mollissant devant notre cabo, va nous laisser sans vent pendant près de 3 heures, dans une mer hachée, et une houle de un mètre. « Joviline » a le gréement qui bat dans tous les sens et c’est désagréable pour nos oreilles et surtout celles de Gérard, qui dans un dernier courage appui sur le bouton « moteur ». J’en profite pour lui dire que les vents vont tournés et qu’il faut être patient !!! Il me répond afin de ne pas perdre la face « Olivier, tu as des dates à respecter, il faut avancer. » (Une pensée à mes collègues de travail) Je décide donc d’aller me coucher. Après un repos bercé au son du moteur « diesel », j’entends la manette des gaz ralentir, et mon Gérard de dire que le vent rentre de nord.
Nous avons gagné 10 miles vers le sud, alors que nous en avons 380 miles à réaliser !!! Les vents s’établissent au nord ouest 2 à 3 beaufort et « Joviline » glisse sur une mer hachée à 4 nœuds. La soirée s’annonce plus musclée. Les vents fraichissent dans le nord ouest 4 à 5 beaufort et « Joviline » réalise des pointes de vitesse, si l’on peut dire à 7 nœuds.
Dans la nuit, les vents tournent au nord mollissant et mettent notre fier vaisseau dans une situation de « Fausse panne ». Les amateurs de voile comprendront que cette situation est dangereuse pour le gréement du bateau, mais aussi pour l’équipage si par malheur la bôme (Pièce métallique transversale) venait à passer en une fraction de seconde de bâbord à tribord ou vice versa.  (Attention la tête et les conséquences qui peuvent être dramatique : De la simple bosse, au coma par choc violent, voir pire !!!) La prudence s’impose et nous décidons de mettre « Joviline » à 160 du vent, ce qui a pour effet de rallonger notre trajectoire.

Le lundi 2 Juillet 2012
Zone de Porto                Latitude : 09 34 25. Longitude : 41 53 76
Zone de Porto                Latitude : 09 18 03. Longitude : 39 43 42
Les vents restent donc orientés au nord, entre 3 et 4 beaufort, dans une mer hachée, avec une houle courte de un mètre. L’après midi, les vents se renforcent un peu pour atteindre 5 beaufort, et c’est ainsi que « Joviline » trace sa route tranquillement à 160 du vent, ce qui nous oblige à faire quelques empannages pour ne pas s’éloigner de notre trajectoire. La moyenne de vitesse de « Joviline sera de 5,5 nœuds pour cette journée. Nous réaliserons donc sur 24 heures une moyenne journalière de 130 miles. Rien à comparer avec nos bateaux professionnels qui peuvent avaler des 600 à 700 miles jours.
Nous passons donc de la ville de « Vigo » en Espagne, à « Porto » au Portugal. Gérard, très citoyen, souhaite que nous arborions dans notre mâture, le drapeau du pays traversé. Et c’est ainsi, que nous avons levé par deux fois les couleurs des dits pays. (Cf. photo).

Le mardi 3 Juillet 2012
Zone de Porto                Latitude : 09 18 03. Longitude : 39 43 42
Setubal (Portugal)        Latitude : 0 8 55 90 Longitude : 38 29 22
A une heure du matin, je passe le quart à Gérard et lui indique que nous approchons des iles « Berlangas ». Il faut passer entre les iles et le continent. Deux virements seront nécessaires, si nous ne voulons pas nous échouer !!! Les manœuvres sont réussies et vers 6 heures, à ma prise de quart, les iles sont sous notre vent.
A  9h 30, le vent est faible, dans une mer calme, toujours orienté au nord, nord ouest. Nous décidons d’envoyer le spi (Voile en forme de bulle) qui va nous permettre d’augmenter notre vitesse de un nœud, mais aussi et non des moindre, nous enlever cette impression de roulis et de ballottage permanent. Nous avalons miles, après miles et passons devant le village de Nazaré (Des souvenirs reviendront pour certains …..) et les «Caps »  s’enchainent :  Cabo Da Roca – Cabo Raso. Il est 17 heures et nous filons dans l’estuaire de l’embouchure du « Tage », en face de Lisbonne lorsque le vent fraichi et nous oblige à affaler notre spi. Huit heures, avec le spi et une belle journée ensoleillée, nous remonte le moral. Notre première journée à mettre le maillot de bain, et à se tremper simplement les pieds..
A 17h 3O, nous sommes dans le chenal d’accès aux navires remontant ou descendant « Le Tage » lorsqu’il faut prendre la décision de prendre deus ris et d’enrouler le génois. Heureusement, il n’y avait pas de navires à proximité !!!  En effet, en moins d’une demi heure, le vent a fraichi de 2 à 3 beaufort à près de 6, voir 7 dans les rafales. « Joviline » fleurte avec des risées qui l’amène à avancer à 6 nœuds, malgré la réduction de la voilure. Il nous faut aller chercher le « Cabo Espichel » avant de remonter vers Sétubal.
Il est 20h 3O quand nous passons le cap, et  nous pensons que nous serions à l’abri du vent. Mal nous en à pris……Des vents appelés des vents « catabatiques »                 renforcent de un beaufort et nous frisons les 35/4O nœuds. « Joviline » n’a plus qu’une partie du génois pour avancer encore à 6, 5 nœuds, la grande voile étant en faseillement, en attendant l’accalmie une demi heure après. Nous finissons le trajet au moteur, du fait de l’irrégularité des vents derrière la montagne haute de 150 m à 650 m.
Nous arrivons à Setubal à une heure du matin dans un chenal à contre courant, et avec le vent dans le nez. Après avoir trouvé péniblement le port dit de « Plaisance »,  ou vingt voiliers locaux donnent une idée de ce que veut dire le mot « voile » en Portugais » nous sommes accueillis par la « Guardia civil » qui demande de nous présenter avec les papiers du bateau (Acte de francisation) et les cartes d’identité « passeportes ». Nous pensions à aller nous coucher….. Mais vu l’inflexion de nos « carabineros », nous nous exécutons. Une heure de palabre pour remplir leur formulaire dans une cabane sentant l’odeur de cigarettes et du chef qui arrive trois quarts d’heure plus tard, pour vérifier si les subalternes ont bien rempli les dits « papiers »…… Gérard est au bord de la crise de nerfs !!! Nous détendons l’atmosphère avec la coupe d’Europe et  les brillants résultats de nos deux pays. !!!
Il est deux heures du matin, et nous avons le feu vert pour aller dormir profondément dans notre couchette, sans un bruit, sans un tangage incessant et sans entendre la relève de quart. « Bonne nuit, les petits »

Quelques réflexions sur la préparation et le déroulement d’une journée au quotidien :
De ces huit jours de mer, la vie à bord s’est donc installée.. Avec Gérard, nous avions fait connaissance sur son bateau précédent, un « Fantasia », plan « Harlé », mais sans se connaître,  ou avoir vécu plus de 24 heures dans un bateau pour une croisière à l’ile d’Yeu. Pour ce qui me concerne, après avoir couru sur dériveurs, j’ai eu l’opportunité de régater sur des bateaux habitables du Dufour 4800, au First Bénéteau 45 F5, en passant aujoud’hui sur un First 31.7, qui est un redoutable bateau de régate, malgré son âge de 15 ans. J’ai plus l’esprit de régate, et de faire avancer un bateau à son rendement maximum, que de boire une bière ou sucer des glaçons sur un redoutable bateau de croisière taillé pour rester dans un port, plutôt que de naviguer sous toutes les mers du monde. De nos centres d’intérêt différent, rien ne nous disposait  à réaliser cette aventure de trois semaines, à vivre confiné dans un espace de 6 m2, à dormir par période de 4 heures, ou les mouvements saccadés et violents, ainsi que le bruit incessant des voiles et du gréement vous donne l’impression de dormir une heure par jour. L’humeur en prend un coup, et la fatigue aidant, un mot plus haut que l’autre peut finir en conflit qui oblige la personne embarquée à prendre son baluchon et à descendre à la prochaine escale. Mais rien de tel, pour ce qui nous concerne, chacun ayant trouvé sa place, s’en déranger l’autre.
Je vous résume donc une journée à bord de « Joviline ». A une heure du matin, je cède mon quart à « Gérard » et l’informe par des mots doux « Gérard, il est l’heure ». Comme dans un mauvais rêve, Gérard ne croit pas que c’est déjà son tour…. Et pourtant !!! De une heure à cinq heures, voir six heures, suivant la fatigue du capitaine, une voix me réveille par ces mots « Monseigneur ». Nous faisons le point : le cap, la force du vent, la visibilité, la présence de bateaux dans le secteur et en route. Gérard se recouche et je prépare un bon café, avec l’indémodable cafetière « Seb ». Puis à 8 heures, le petit déjeuner, avec chocolat, lait, et tartine beurre, confiture. Gérard me rejoint,  et ensuite je repars m’allonger de 10 h. à midi. Entre temps, Gérard bricole et à midi, nous sommes en forme pour boire l’apéro, et préparer un repas. Après ce menu idyllique dans une météo à peu près clémente, notre capitaine part réaliser une sieste variable dans le temps. J’en profite tout en gardant un œil sur le G.P.S. fixe de la table à carte, à lire un livre sur la vie du rail dans les années 1930. (Merci Marie Anne de me l’avoir offert) A  20 heures, nous mangeons plus légèrement, avec œufs sur le plat, ou le pâté maison (Merci à Poupou). Gérard repart faire un petit « dodo » avant sa prise de quart de une heure du matin. Nous sommes étonnés, mais les journées passent vite.
Pour réaliser ce déroulement de journée, à deux personnes, il faut enlever le temps d’amarinement, qui a représenté trois jours de désagrément dans une mer difficile, avec beaucoup de vent, et une position la plus défavorable pour l’avance du bateau. (Le prés serré).
Vendredi 6 Juillet nous mettons les voiles, si la météo le permet, vers Gibraltar que nous pensons atteindre dimanche 8 ou lundi 9 Juillet.
Nous vous disons bonne lecture des exploits de « Joviline » et n’hésitez pas à mettre vos réactions et commentaires sur le site. Nous pourrons alors vous lire, si toutefois nous arrivons à pouvoir avoir du réseau internet, via la wifi, ce qui n’est pas le cas de Sétubal. Recherche d’un réseau soit à la mairie ou à la bibliothèque, d’après notre chef de port…..


A bientôt sur d’autre Latitude………..
Gérard, Le Capitaine barbu, hirsute, et décontracté.
Olivier, la plume du Capitaine, matelot, skipper à ces heures.