mardi 31 juillet 2012

De Gibraltar à a Palma.La der ders der!!!!.




 De Gibraltar à Palma. La der des der !!!!.

A Hervé, A Babette............

Le mardi 10 Juillet 2012. Gibraltar.          Latitude: 05 15 49. Longitude: 36 07 12.
                                         Zone Alboran. Latitude: 04 12 96. Longitude: 36 24 43.

Ce matin, il fait beau sur le rocher de Gibraltar et « Joviline » doit mettre les voiles, si nous voulons respecter les délais d'arrivée .
Gibraltar, ne nous laissera pas un souvenir de quiétude et de repos. La proximité de l'aéroport, nous fait entendre le décollage des avions de chasse toutes les heures. On se croirait en période de guerre, ou de manifestation de force de nos amis anglais. De plus, les espagnols, nous font des concerts de klaxons, puisqu'ils font la queue pour rentrer sur le « Caillou », mais les anglais ont édifié une véritable frontière avec tous les contrôles qui vont avec....
Lors de notre arrivée, nous pensions être à Gibraltar, mais les espagnols ont créé depuis deux ans un port de huit cents anneaux en limite de la zone franche, cinquante pour cent vide et qui nous a attiré!!!! Nous sommes donc en Espagne, et non en Angleterre... Il faut une heure à pied, sac au dos, lunettes et chapeau de rigueur, pour se rendre dans le centre de Gibraltar. Le capitaine décline mon invitation, ne supportant pas la chaleur, et je pars pour une visite et quelques achats, soient disant hors taxe. Gérard n'aura rien perdu de l'excursion.... On se croirait dans une caserne: Des militaires, des gendarmes omniprésents, avec une seule rue marchande et un petit port de plaisance pouvant recevoir au maximum une centaine de bateaux à voile.

Nous larguons les amarres à 11 h 45, et nous faisons le plein de gaz oil...... à Gibraltar, afin de bénéficier de la détaxe!!! Pas de queue. C'est parfait. 
Nous voilà donc dans la baie, à louvoyer entre les tankers au mouillage. L'odeur de fuel et de kérosène nous remontent dans les narines!!!
La brise d'Ouest est timide dans la baie, et confiant nous hissons les voiles. Mais en arrivant dans le détroit, la mer se lève et les vaguelettes frisent sur l'eau. Je regarde l'anémomètre: 25 à 30 nœuds d'Ouest. Nous prenons deux ris immédiatement dans la grande voile et enroulons le génois à trois points. Le décor est planté: vent portant et « Joviline » file à 6,5 nœuds au 80, vers le Cabo de Gata à 150 miles. Ce cap se situe à l'extrème Sud Est de l'Espagne, et ensuite, c'est la remontée vers le Nord.
Le capitaine est résigné........ Encore une mauvaise nuit en perspective!!! J'essaye de lui remonter le moral en lui disant que le vent va mollir avec la tombée de la nuit, mais rien n'est moins sûr!!! 

Le mercredi 11 Juillet 2012. Zone Alboran. Latitude: 04 12 96. Longitude: 36 24 43.
                                             Zone Alboran. Latitude: 01 40 05. Longitude: 37 19 41.

En effet, le vent mollit doucement dans la nuit, tout en restant soutenu. Nous parcourons 110 miles en 24 heures. Le soleil se lève vers 7 h 30, et une brume sur la côte nous empêche de voir le relief. Nous ne sommes qu'à 5 miles de la terre, option prise afin de perdre du vent, toujours d'Ouest.
Vers 20 heures, c'est la « Pétole » et qui dit « Pétole » dit moteur. Nous sommes en vue du Cabo de Gata, et à 22 heures, le phare illumine la nuit. Nous progressons à 
4,0 nœuds. Le phare nous accompagnera tout au long de la nuit, et Gérard de quart, ne verra que cette lueur qui s'éloigne progressivement vers 4 heures du matin. 

Le jeudi 12 Juillet 2012. Zone Alboran.    Latitude: 01 40 05. Longitude: 37 19 41.
                                       Zone Cabreras. Latitude: 00 48 40. Longitude: 37 52 91.

Nous remontons le long de la côte Est de l'Espagne, cap au 35, et toujours au moteur. Direction le Cabo de Palos. Distance 120 miles. Pas le moindre souffle d'air sur cette mer méditerranée. 
Nous croisons un voilier qui nous arrive sur tribord, et un petit chalutier sur la même amure. Attention au collision!!! Ces deux navires se sont présentés à une heure d'intervalle, dans la nuit, et je les ai vu au dernier moment, en sortant prendre le frais sur le pont. Nous avons un détecteur sonore, que nous pouvons régler à une certaine distance, mais il sonne en permanence et il n'est pas possible de réduire l'intensité sonore ou de couper le son et de garder la partie lumineuse. Vigilance... Nous voulions préserver nos nuits avec moins de bruits!!! Pas évidents...........

Le vendredi 13 Juillet 2012. Zone Cabreras. Latit. Ouest:   00 48 40. Longitude: 37 52 91.
                                             Zone Cabreras. Latititude Est: 01 37 51. Longitude: 38 39 58.

Il est minuit, lorsque nous laissons le Cabo de Palos sur babord. Au sud du cap, se situe la ville de Carthagène, et nous apercevons les lueurs de la citée. Toujours pas de vent, et donc moteur. Nous allons croiser le rail montant et descendant des navires de gros tonnage. Attention!!! Nous avançons à 4,2 noeuds, et ces bateaux nous croisent à 25 nœuds. Lorsque vous les voyez à peine à l'horizon, une demi heure après ils sont à votre niveau. La chance nous sourit malgré le jour........ et nous passons entre deux navires montant et descendant, mais derrière eux. 
Direction les Baléares et notre première ile rencontrée: Ibiza........ La nuit et la fête!!! à 140 miles. Mais pour un marin, c'est l'isla de Formentera et son phare qui nous intéresse. 
Vers 8 heures du matin, une légère brise nous arrive dans le 100, et le moteur s'arrête après 38 heures de bons et loyaux services. Gérard me dit de surveiller la jauge, mais nous sommes dans le vert, donc encore quelques heures de moteur possible.
Nous pouvions mettre le spi, mais l'équipage est fatigué, et il faut mieux assurer, si le vent monte d'un coup. Avec notre chance!!! 
Plus de terre en vue, et un bateau « Pilot » va nous doubler à 30 nœuds, en nous saluant toute sirène hurlante. «Joviline » avance tranquillement à 4,5 nœuds, et j'annonce au capitaine, une arrivée pour Samedi 14 Juillet vers 12 h.
Le capitaine est épuisé, et m'annonce qu'il ne peut plus assurer de quart. Je prends donc la responsabilité d'assumer seul, cette nouvelle nuit, et m'organise pour dormir une demi heure, puis quart du même temps et ainsi de suite.......... La nuit est calme et nous virons la pointe de l'Isla de Formentera vers 1 heure du matin.

Le samedi 14 Juillet 2012. Zone Cabreras.     Latitude Est: 01 37 51. Longitude: 38 39 58.
                                           Palma de Majorque. Latitude E: 02 38 50. Longitude: 33 39 45.

A 11h 30, le vent molli et nous sommes à 20 miles d'une arrivée qui se fait attendre....Je remets le moteur en laissant toujours la grande voile en appui. Je remarque que le temps est orageux, et quelques gouttes de pluie m'accompagnent. Vers 13 heures, le vent tourne au Nord Est et se renforce rapidement pour atteindre 25 à 30 nœuds. La mer grisonne et je sens que la mer méditerranée ne veut pas nous faire de cadeau à 11 miles du port.
Nous connaissons bien les limites de « Joviline »: Vent dans le nez, avec une mer forcissant, et notre fier vaisseau baisse les bras. Je suis au moteur, avec l'appui de la grande voile et nous n'avançons plus. Je prends un ris afin d'éviter de se vautrer et il va falloir une fois de plus « Avaler son chapeau ». Je reprends la barre pour essayer de passer la vague au mieux et éviter de taper,ce qui arrête net le bateau, mais nous n'avançons plus, voir pire!!!
Il n'y a plus qu'à attendre que le vent molisse!!! Je pense qui si le vent est monté rapidement, il mollira aussi vite.... Mais mes connaissances météorologiques s'arrêtent là, et malgré un ciel qui se dégage, je ne vois pas une lueur d'espoir!!!
Le capitaine me demande l'heure d'arrivée, mais je reporte l'échéance d'heure en heure. 
Au bout de trois heures, l'anémomètre donne des signes de fatigue et je le vois repasser à 20, 22 nœuds. Le vent tourne de 30 degrés, signe que le coup de vent est fini, et nous repartons vers notre destination finale que nous atteindrons à 18 heures.

Notre galère n'est pas finie!!!! On ne peut pas dire que le port de Palma nous accueille à bras ouvert.... Auriez vous pensé que dans un port de 800 places, il ne soit pas possible de recevoir des visiteurs? Dans les différentes marinas que nous traversons, on nous fait comprendre qu'il faut repartir, et si nous insistons pour prendre une place, vous avez un employé zélé qui vous poursuit en mobylette et vous dit «Ha Out !! ». On se croirait dans un mauvais rêve... Après deux heures d'errance, je décide d'amarrer « Joviline » à un bout de ponton en béton, et de crier « Le doctor ». 
Le capitaine est souffrant et une solidarité va s'installer immédiatement. Un couple d'allemand, dont la femme est médecin, se précipite sur le bateau et examine et réconforte notre capitaine. La traduction est plus que difficile pour traduire l'état du marin. Une jeune allemande se met de la partie pour traduire en français les premiers symptômes. Un Suisse, parlant le français et l'espagnol, fait le nécessaire pour prévenir la capitainerie... Et tout s'enchaîne, jusqu'à l'arrivée du SAMU, qui évacue notre client pour une révision générale de l'état de santé dans une clinique de Palma.
Et maintenant, il faut penser à « Joviline ». Je négocie une place pour quelques jours. La capitainerie me donnera un anneau dès le lendemain matin, avec l'eau et l'électricité, en me promettant que le bateau peut rester le temps qu'il faudra. Me voilà rassuré, et l'hôtesse d'accueil fera tout pour m'aider dans les démarches.

Aujourd'hui,  vendredi 27 Juillet 2012, je peux réconforter tous les supporters de Gérard. Notre capitaine a retrouvé le moral, sa verbe et son humour d'avant départ. Une mauvaise infection, a gâché une grande partie de ces trois semaines de navigation, qui aurait pu être enrayée dès le départ. Beaucoup de récits de voile, relate des incidents ou des négligences de soins, qui peuvent obliger un équipage à demander des secours en mer, et donc refroidir une ambiance qui se voulait des meilleurs!!! Sacré Gérard!!! Tu nous a fait peur........

Les remerciements:
A Gérard, qui pendant ces trois semaines de navigation a su me faire confiance pour mener, sans encombre « Joviline », dans quatre ports. Le choix de la navigation, les parcours, les options, les relâches nécessaires lorsque la météo l'exigeait, tout a été décidé ensemble, avec concertation et responsabilité qui ne mettait pas la vie de l'un ou de l'autre en danger.
Gérard a préparé son bateau pendant un an, et rien n'a été oublié, que ce soit de la révision des voiles, des bouts, des instruments de navigation, en passant par le carénage, le nettoyage du pont, la vérification du mouillage etc... L'autonomie électrique a été assurée par des panneaux solaires qui approvisionnaient deux batteries de 110 ampères, une troisième batterie ne servant que pour le démarrage du moteur. Nous consommions la nuit d'une durée de sept heures, 40 ampères qui étaient rechargés en quatre heures par le solaire.
Seul, le pilote automatique nous a lâché deux fois, mais dès le départ ce qui nous a permis de revenir sur nos pas, (Cf les récits) et dont les symptômes n'ont pas été détectés quelques semaines auparavant. (Vive l'électronique!!!)
A ma femme, Lydie, et mes enfants, Leslie et Dorian qui m'ont laissés vivre mon rêve de naviguer en semi hauturier pendant plus de trois semaines, sans nouvelle, sauf dans les ports, et qui ont gérés le quotidien sans appréhension.

A Alizée, et Wilfried, que je connais peu ou pas, qui ont permis à leur père de vivre cette aventure et dont ils peuvent être fiers de son endurance, de sa ténacité, de son courage à avoir accompli pendant 1500 miles, dans des conditions météorologiques difficiles, ce périple que dix pour cent des plaisanciers du monde réalisent. 

A Hervé, d'où tu nous regardes, je ne sais pas comment tu as formé tes mousses, mais ils ont appris bien sùr à naviguer, à être prudent et responsable, et surtout endurant quelque soit les circonstances, à surmonter leurs problèmes physiques et moraux, à ne pas montrer leur détresse afin de ne pas faire perdre le moral de l'équipage. 
Bravo, Monsieur Hervé.


Le Capitaine, tétu, renfrogné, mais avec un cœur d'or.... Alors nous te souhaitons un prompt rétablissement et n'oublit pas de faire une petite révision avant tout nouveau départ!!! Un marin avertit en vaut deux!!!
Chapeau bas Monsieur Gérard!!! et bon vent sur d'autre zone...........

La plume qui s'envole en ce mardi 17 Juillet 2012, avec le sentiment du devoir accompli, d'avoir mené à bien, le bateau et l'équipage à bon port, sans une égratignure pour les uns et pour les autres.

1 commentaire:

  1. Merci à Olivier de nous faire revivre cette der des der...J'attendais votre récit avec impatience...

    L'année prochaine vous embarquez un french Doctor, genre JL, un pharmacien genre le renard de l'île pour l'intendance !
    Bravo à vous deux, ce que vous avez réalisé est super...
    Merci à vous de nous avoir fait partager vos aventures, et à l'année prochaine !
    Plein de bises
    Babeth

    RépondreSupprimer